AVEC FILTRE (et bouton de fièvre) SANS FILTRE (et bouton de fièvre)
Quand le paraître l’emporte sur l’être et l’image devient un enjeu trop existentiel, une nouvelle manière d’exister.
Vendredi, je vous exprimais ma volonté de réduire l’utilisation des filtres en story sur Instagram. Vos réactions m’ont fait réfléchir me demandant pourquoi je n’avais pas pris cette décision plus tôt. Parce-qu’ici force est de constater qu’on like, on scrolle, on admire, on se compare mais on s’en va souvent envieux ou démoralisés.
Des études scientifiques l’attestent : Instagram est le réseau social le plus nocif à ce jour amplifiant les émotions négatives. L’application aurait le pouvoir de tuer à petit feu l’estime de soi (rien d’étonnant vu qu’elle repose essentiellement sur l’apparence) En cause ? Des gens faussement beaux, des photos retouchées, des filtres magiques, souvent trop fakes pour être réels. On les connait tous, ces épurateurs de défauts : ils permettent de lisser la peau, d’agrandir les yeux, d’allonger les cils, d’affiner le visage… Ces filtres sont si éloignés de la réalité. Et pourtant. Nous les utilisons en continu pour parler à ceux qui veulent bien nous écouter ici, question de doper notre self-estime à coup de faciès quasi parfaits.
LE JOUR OÙ J’AI RÉALISÉ
À ce stade, ce n’est plus ludique, c’est devenu systématique, essentiel. Et ça a commencé à me déranger lorsque j’ai compris que sans, quelque chose me manquait. J’ai la chance de me connaître, de percevoir en moi quand ça foire. Peiner à supporter mon image dans la vraie vie fut un signal, ressentir de la surprise en se regardant dans un miroir, assez déroutant. Alterer mon apparence en un instant en venait même à générer – renforcer mes complexes. Et quand je pensais à vous, j’imaginais à quel point ça aurait pu vous apporter une idée faussée de qui je suis vraiment. Une réalité filtrée.
En me renseignant un peu sur le sujet, j’ai d’ailleurs découvert qu’un nouveau cap a été passé récemment : des patientes ont commencé à s’appuyer sur des selfies pour expliquer leurs attentes à leur chirurgien esthétique. Vous imaginez ? Essayez de conscientiser. Certaines personnes en viennent à faire de leurs filtres une source d’inspiration pour d’éventuelles opérations. (pardon mais ça m’a achevée.) Et puis finalement, comment leur en vouloir ? C’est tellement facile en une seconde de devenir quelqu’un d’autre sur les réseaux sociaux. Et si cette volonté de ressembler à une version retouchée de soi-même entraînait des questions sur notre rapport collectif à la beauté ?
L’INCONSTANCE
Fort heureusement même si ces jeux sur notre image sont omniprésents on assiste aussi à une montée en puissance du Body Positive et une nette revendication du #nofilter. Certaines marques composent même leurs campagnes avec des photos non retouchées, pour notre plus grand bonheur. Alors c’est un débat sans fin, me direz-vous. Le Lundi flatter son égo, sentir que l’on appartient à une communauté. Le Mardi se sentir isolé, faire son personnal branding pour se relever. Instagram souffle le chaud puis le froid, creuse de plus en plus l’écart entre la vie virtuelle et réalité.
Mais Instagram est aussi une source inépuisable d’inspiration, un lieu d’échanges et de rencontres magnifique.
L’objectif pour moi aujourd’hui est de progresser vers une représentation plus réaliste de moi-même, sans me montrer constamment sous mon meilleur jour, sans mettre ma vie en scène de la manière la plus glamour qui soit, sans déchaîner les likes et les reports.
Et Selon vous, Instagram, ami ou ennemi de l’estime de soi ?
Et si on réduisait l’écart entre notre moi réel et ce moi factice ?
Qu’est-ce que ça peut bien faire de ne pas toujours être à la hauteur ?