NE FAITES RIEN.

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Palmiers. Cocotiers. Eau turquoise se sont transformés.

250 emails non lus. 3 événements en attente. 6 réunions dans une demi-journée.

Ça y’est, c’est la rentrée, le grand retour du « attends j’peux pas j’suis débordée ». Fini la notion de « j’ai le temps, je suis libre », fini la digital detox. Passer 45 minutes à discuter sans jeter un oeil sur son iphone (et sa coque Lagerfeld) relèvera de l’irréel (attends, tu disais?)(désolé·e, je suis sous l’eau glacée là, je réponds vite à fait à cet email)(mais ouiiii je t’écoute j’suis multitasking tu sais). C’est à peu près le discours que vous retrouverez partout. Parce-que, OUI, c’est devenu COOL de ne plus avoir le temps de rien. Être overblindée est devenu un réel marqueur de réussite sociale.

Et pourtant…

Saviez-vous que notre très chère Simone de Beauvoir avait déjà tout compris? « Si la satisfaction d’un vieil homme de boire un verre de vin ne compte pour rien, alors la production et la richesse ne sont que des mythes creux ; ils n’ont de sens que s’ils sont susceptibles d’être récupérés dans la joie individuelle et vivante. Le gain de temps et la conquête de loisirs n’ont pas de sens si nous ne sommes pas touchés par le rire d’un enfant à jouer. » (J’en vois déjà deux ou trois qui viennent de décrocher) Pour simplifier la chose (faut pas vous en demandez trop à vous hein) : nous avons pu entendre que l’ennui viendrait d’un manque de responsabilité, voire pire, d’un manque d’imagination. Il n’en est rien. L’ennui – et la lenteur qui en découle – est peut-être ce que nous avons de plus précieux aujourd’hui.

Rien de bon ni de durable ne sort de la précipitation ou de la vitesse. Les auteures américaines Joan Didion et Susan Sontag sont celles qui en parlent le mieux.

« J’écris avec un feutre, ou parfois un crayon, sur des carnets jaunes ou blancs, ce fétiche des écrivains américains. J’aime la lenteur de l’écriture à la main. Ensuite, je retranscris et annote partout. Et je le retape, en faisant les corrections à la fois à la main et sur la machine à écrire, jusqu’à ce que je ne voie pas comment faire mieux. Jusqu’à il y a cinq ans, c’était tout. Depuis, il y a un ordinateur dans ma vie. Après la deuxième ou troisième version, je le tape à l’ordinateur, donc je n’ai plus à retaper le manuscrit en entier, mais je continue à annoter à la main les différentes versions écrites sur l’ordinateur (Susan Sontag, The Paris Review).

« J’ai besoin d’une heure seule avant le dîner, avec un verre, pour me rappeler ce que j’ai fait ce jour-là. Je ne peux pas le faire en fin d’après-midi parce que c’est trop proche. Par ailleurs, le verre aide. Il me permet de m’extraire des pages. Donc je passe cette heure à enlever des choses et à mettre d’autres choses. Puis je commence le lendemain en refaisant tout ce que j’ai fait la veille, en suivant ces notes du soir. Quand je travaille vraiment, je n’aime pas sortir ou avoir quelqu’un pour dîner, car alors je perds cette heure. Si je n’ai pas cette heure, et je commence le lendemain avec juste quelques mauvaises pages et nulle part où aller, je déprime. Une autre chose que je dois faire, quand je suis proche de la fin du livre, est en train de dormir dans la même pièce. C’est une des raisons pour lesquelles je rentre à Sacramento quand je termine quelque chose. D’une certaine manière, le livre ne vous quitte pas lorsque vous êtes endormie juste à côté. À Sacramento, personne ne se soucie si je sors ou pas. Je peux simplement me lever et commencer à taper. » (Joan Didion, The Paris Review).

Je vous souhaite donc un maximum de chill. Le maximum de votre temps, NE FAITES RIEN.

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